LE PRINCE, HERMIANE, MESROU, CARISE, MESRIN, ÉGLÉ, AZOR, ADINE, MESLIS, DINA.
HERMIANE, entrant avec vivacité.
Non, laissez-moi Prince ; je n’en veux pas voir d’avantage ; cette Adine et cette Églé me sont insupportables ; il faut que le sort soit tombé sur ce qu’il y aura jamais de plus haïssable parmi mon sexe.
ÉGLÉ.
Qu’est-ce que c’est que toutes ces figures-là, qui arrivent en grondant ? Je me sauve.
CARISE.
Demeurez tous, n’ayez point de peur ; voici de nouveaux camarades qui viennent ; ne les épouvantez point, et voyons ce qu’ils pensent.
MESLIS, s’arrêtant au milieu du théâtre.
Ah ! Chère Dina, que de personne !
DINA.
Oui, mais nous n’avons que faire d’elles.
MESLIS.
Sans doute, il n’y en a pas une qui vous ressemble. Ah ! c’est vous, Carise et Mesrou ; tout cela est-il hommes ou femmes ?
CARISE.
Il y a autant de femmes que d’hommes ; voilà les unes, et voici les autres ; voyez, Meslis, si parmi les femmes vous n’en verriez pas quelqu’une qui vous plairait encore plus que Dina, on vous la donnerait.
ÉGLÉ.
J’aimerais bien son amitié.
MESLIS.
Ne l’aimez point, car vous ne l’aurez pas.
CARISE.
Choisissez-en une autre.
MESLIS.
Je vous remercie, elles ne me déplaisent point ; mais je ne me soucie pas d’elles, il n’y a qu’une Dina dans le monde.
DINA, jetant son bras sur le sien.
Que c’est bien dit !
CARISE.
Et vous, Dina, examinez.
DINA, le prenant par-dessous le bras.
Tout est vu, allons-nous-en.
HERMIANE.
L’aimable enfant ! je me charge de sa fortune.
LE PRINCE.
Et moi de celle de Meslis.
DINA.
Nous avons assez de nous eux.
LE PRINCE.
On ne vous séparera pas ; allez, Carise, qu’on les mette à part, et qu’on place les autres suivant mes ordres. (À Hermiane.) Les deux sexes n’ont rien à se reprocher, madame ; vices et vertus, tout est égal entre eux.
HERMIANE.
Ah ! je vous prie, mettez-y quelque différence. Votre sexe est d’une perfidie horrible ; il change à propos de rien, sans chercher même de prétexte.
LE PRINCE.
Je l’avoue, le procédé du vôtre est du moins plus hypocrite, et par là plus décent ; il fait plus de façon avec sa conscience que le nôtre.
HERMIANE.
Croyez-moi, nous n’avons pas lieu de plaisanter. Partons.
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